Saturday, August 03, 2013

Au sujet de l'économie numérique et son impact dévastateur sur l'emploi

 Intéressant article sur Internet actu, consacré à l'économie numérique, qui revient sur ce dèja vieux problème du lien entre automatisation et chômage: http://internetactu.blog.lemonde.fr/2013/08/02/ou-va-leconomie-numerique-robotisation-ou-monopolisation/. Sans revenir aux luddites qui répondaient exactement aux mêmes problématiques, ce problème est perçu et posé depuis les années 50, et les débuts de la vague d'automatisation ( dans le sillage de la cybernétique). A l'époque, on passait outre les conséquences sociales en disant que cela allait libérer du temps pour plus de loisir et de culture: on était encore dans une perspective de progrès...oui, mais, restait un doute: qu'est ce que les gens feraient de leur temps libre? Et où trouveraient-ils leur source de revenus dans le contexte d'une économie marchande capitaliste? Wiener, le père de la cybernétique, évoque dès le départ de sérieuses inquiétudes quant à l'impact du développement de la technologie sur l'emploi.
Aujourd'hui l'article d'Hubert Guillaud (qui reprend certaines réflexions économiques énoncées outre-atlantiques), donne raison aux craintes wienériennes, sauf  que la réalité d'aujourd'hui va encore plus loin que ce qu'il pouvait imaginer. Il faut dire cette réalité: l'économie numérique constitue un énorme bluff en ce qui concerne son impact positif sur l'emploi. C'est bien sur exactement le contraire qui se produit, et cette tendance est appelée à grandir au vu de l'évolution technologique inarrêtable. il est assez amusant de noter que l'article n'ose pas l'affirmer clairement, voulant préserver la réputation technophile d'Internet actu et ne pas mettre en cause directement le facteur technologie. Pourtant ce sont exactement les conclusions auxquelles l'auteur amène le lecteur. L'économie numérique nous mène clairement à une impasse, qui ne pourra que prendre la forme d'une grande implosion sociale, avec des débordement de violence effroyable (lire à ce sujet la grande Implosion de Pierre Thuillier).

Un commentaire souligne que cette évolution va favoriser "des métiers très intellectuels". Mais il est insuffisant, voire erroné, de parler de métiers très intellectuels. Sous entendu les chômeurs d’aujourd’hui auraient des profils manuels, ce qu’on assimile à sous-qualifié. Au contraire, dans un tel contexte d’automatisation et virtualisation, les métiers concrets et manuels peuvent connaître un retour en grâce. (Car après tout, on peut aussi se dire qu’on n’en a rien à foutre de ce monde qu’on veut nous imposer).
En réalité, il s’agit de métiers techniques, voire hyper techniques (liées à l’informatique), et cela n’a rien à voir avec « des métiers très intellectuels ». Beaucoup d’activités ici sont de pure exécution, dénuées de toute espèce de réflexion ou de contextualisation. Ceux qui conçoivent des algorithmes boursiers ont ils la moindre réflexion sociale, éthique etc de leur activité? Lorsqu’on leur dira « vos produits entrainent de terribles drames sociaux », ils auront une réponse à la Eichmann: je suis un technicien, je résous des problèmes techniques et j’applique des consignes techniques.
Par ailleurs,Ceux qui ont une formation littéraire sont des intellectuels, et ils n’ont aucune place ni avenir dans un tel système. Nous allons assister bientôt à la suppression de toutes les disciplines littéraires et de sciences humaines. dans l’économie numérique, que vaut la connaissance de la poèsie symboliste etc.?
Hélàs, il faut reconnaitre que Jacuqes Ellul avait bel et bien tout prévu dans son Bluff technologique. Le développement de l’informatique et de la société des réseaux va produire inéluctablement un monde où seul le métier techniques aura droit de coté, où de nombreuses activités et types de compétences seront dévalorisés et où le chantage au chômage sera énorme.
Quelques citations à méditer:
« La technique amène le chantage au chômage. Si vous ne devenz pas technicien, vous serez inéluctablement un chômeur. »
« L’homme qui ne connaitra pas l’usage de l’informatique, des appareils de transmission, des réseaux, des flux de tous ordres, sera forcément un marginal. »
« On met les parents en présence de ce choix exclusif : ou bien votre enfant devient technicien, ou il ne sera rien. »
« Seul est intelligent dans notre société celui qui connaît les manipulations informatiques. 
»