On a changé de monde. Tel est le constat simple qui s'impose quand on considère la situation de la presse aujourd'hui. Il est évident que les journaux papiers subissent la conversion numérique actuellement en cours, qui correspond à une révolution industrielle dont on n'a pas mesuré encore l'ampleur ni quand elle va s'arrêter. Comme d'habitude, cela pulvérise les équilibres (on dit les modèles économiques) et pulvérise les formes de travail traditionnelles.
Le Web désormais modèle l'actualité et l'info. Dans cette nouvelle écologie, le support papier est par définition condamné. Il n'offre aucune fonctionnalité que permet le Web. Disons que le papier ne fait pas le poids face à l'électron. Il s'agit de substituer l'écran (sous de multiples formes et objets) au papier. Ce qui bouleverse le rapport à l'espace-temps, qui régissait et structurait la presse. Son unité de temps, c'était le jour, comme l'indique le nom même de journal, qui se réfère à un ordre cosmique et à un temps humain. Désormais, c'est l'instant ou le bit, qui renvoie au temps technologique des ordinateurs, qui est un temps non humain. Cette instantanéité de l'info abouti à une "temporalisation du temps "comme dit Hartmudt Rosa. On peut aussi parler d'uchronie car dans le web, l'info arrive tout le temps et nulle part, mais jamais vraiement à un instant précis et fixe. Elle se manifeste sous la forme d'un flux multiforme et incessant, jamais fixe. Il n'y a plus de limites et plus de repères.`
La crise est énorme ( et concerne d'autres secteurs). Le problème est que, d'un coté on a un modèle économique dépassé, de l'autre quasiment pas de modèle économique convaincant et susceptible d'être stabilisé.
Pour la presse, c'est plus la catastrophe qu'autre chose. Et l'horizon demeure grandement inconnu...
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