Le métier d'enseignant auprès des plus jeunes est devenu extrêmement dur aujourd'hui,voire impossible. Cette situation, accréditée par de nombreux témoignages, reflète un certain état de la société aujourd'hui, à travers sa jeunesse, et c'est bien ça qui est grave.
Soyons clair: il n'a jamais été simple d'enseigner, particulièrement dans les collèges et lycées pro. Mais la situation d'aujourd'hui a quelque chose d'inédit, de spécifique, et les choses se sont clairement aggravées. Et c'est cet aspect là qu'il faudrait essayer de penser, d'analyser, de prendre en compte.
J'ai mon idée sur la question mais cela mériterait de plus amples développements.
Je pense que le malaise actuel vient de la confrontation de L'école telle qu'elle est constituée et organisée avec les évolutions fulgurantes de la société moderne, évolutions en grande partie technologiques. De sorte que la situation même de l'enseignant, seul dans sa classe, armé de sa craie et de sa parole, est comme totalement fragilisée et dévaluée. C'est un métier qui devient quasi impossible de ce point de vue là. Je dirai dévaluation du magistère de la parole. C'est un peu ce que j'ai ressenti moi en tant que prof.
il faudrait ici analyser l'impact des technologies numériques, mais c'est compliqué.
Disons que le tort de l'école publique, cet énorme système inhumain qui broie les individus, est ne pas du tout avoir su les intégrer et s'adapter à ces conditions modernes, que par ailleurs la société civile et les individus utilisent parfaitement. On reste sur les mêmes schémas, les mêmes recettes. Malgré les réformes, on ne change rien et on reste dans une forme d'immobilisme lourd, parfaitement symbolisé par ces bâtiments de bétons gris et hideux que sont trop souvent les établissements d'enseignement.
Du coté des élèves, je perçois dans leur malaise, qui s'exprime parfois par ces crise de violence incontrôlables, un sentiment d'absence d'avenir. Ca revient souvent dans leur propos. Ils sentent lucidement que la société ne leur garantit pas un emploi assuré, c'est à dire une place,y compris s'ils font l'effort de bosser. De cette absence d'avenir, en témoigne la présence des lycéens et collégiens à la manif contre la réforme des retraites: ce qui est absurde en soi. Mais là encore, je pense que l'usage intensif des technologies numériques a un rôle dans l'émergence de ce sentiment ( Par exemple dans le fait de nous coller à l'instantané plutôt qu'au long terme, de nous livrer à une accélération du réel comme dit Paul Virilio). il y a là un malaise dans la transmission, et les profs aussi le sentent...
Enfin, disons le, l'école aujourd'hui est un lieu qui souffre d'une absence totale de Désir. Les élèvent ne désirent pas y aller, les profs ne désirent pas y enseigner, l'administration ne désire pas s'en occuper, et le pouvoir ne désire pas la financer...notre société souffre d'une absence de désir d'école. or le savoir procède du désir: libido sciendi.
La situation aujourd'hui est réellement grave et potentiellement explosive. On s'expose à des catastrophes dont on n'a pas idée..
Evidemment, il conviendrait de nuancer et de compléter ce point de vue.
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