Un article publié dans The Guardian( www.guardian.co.uk/books/2011/jan/15/novels-internet-laura-miller) s'interroge sur le peu place accordé à Internet et aux nouvelles technologies par la littérature contemporaine (en l'occurrence dans le roman mais pourquoi pas la poésie tout aussi bien).C’est un sujet particulièrement complexe et qui pose a mon avis rien moins que la question de l’avenir et de la définition même de la littérature. il faudrait étudier la littérature à l’heure d’Internet comme Walter Benjamin avait parlé de l’oeuvre d’art à l’ère de la reproduction technique. Je pense d’ailleurs qu’ il s’agit du même type de questionnement; après tout la littérature est constituée d’oeuvres d’art, et Internet continue le processus de reproduction technique. Et avant tout, c’est la question du médium qui se pose. On connait la fameuse question benjaminienne: on s’était demandé si la photo était ou non de l’art alors qu’il fallait se demander si la photo ne transformait pas le caractère général de l’art. C’est exactement la même problématique en ce qui concerne la relation d’Internet et de la littérature.
Par ailleurs, il faudrait distinguer le thème (au même titre qu’une autre technologie…) et le médium. Je peux très bien évoquer Internet comme objet voire comme moteur de l’action dans un roman de forme classique (genre Houellebecq), sans remettre en cause les conventions et les codes propres à certains genres littéraires. Mais je peux aussi publier mon texte sur Internet en utilisant les fonctionnalités propres à ce média (lien hypertexte, vidéo, chat etc). Et à nouveau se posera la question cruciale du médium et du support (la papier par rapport à l’écran), qui modifie radicalement les conditions même d’énonciation.
Ce qui me parait évident, c’est que deux mondes sont en train de se séparer terriblement: les anciens et les modernes. Les partisans (parfois prestigieux) de la littérature traditionnelle cultivant un lien sacré avec le papier et le livre et condamnant désespérément le Net (Philipp Roth, ray bradbury…), et les adeptes de la conversion numérique de la littérature. Deux visions de la littérature, c’est à dire deux visions du monde.
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