Je viens de regarder d'un oeil las le match Nadal/Ferrer. Et, en tant qu'amateur de tennis, je ne me sens pas très bien, vaguement écoeuré comme Ferrer, auquel je m'identifie et avec qui je compatis. Amusant d'entendre les discours des médias qui, sous les allures admiratives, sont vaguement embarrassés. Car comment ne pas voir que cet homme, en tuant les match, tue le tennis, le charme et l'intérêt qui font ce sport. Il n'y a plus de match tout simplement. Pour la télévision, c'est une catastrophe puisque il n'y a plus de suspense, plus d'incertitude, plus d'ouverture et plus de spectacle digne d'intérêt. Plus d'authentique affrontement, mais le déroulement d'un programme où tout est joué d'avance. Il s'agit de savoir comment Nadal va gagner et combien de jeux va-t-il laisser à son adversaire. Tout le monde sait que Nadal a déjà gagné Roland Garros 2012, et qu'aucune surprise ne peut être espérée à ce niveau là. Personnellement, j'ai même peur pour Federer (dont je suis fan), s'il gagne contre Djokovic, car il prendra une rouste atroce comme en 2008, une humiliation totale qui laissera à tous les amateurs un sentiment de dégoût d'avantage que d'admiration. La finale n'aura donc pas d'intérêt, ce sera une formalité, car le joueur qui l'affrontera sait pertinemment qu'il n'aura aucune chance cette année (Djokovic est le seul qui peut le contrarier voire le battre, mais pas cette année). Peut être que les organisateurs du tournoi et les médias auraient intérêt à conclure un deal secret avec Nadal afin qu'il lâche un set à son adversaire. On peut s'attendre à ce qu'il y ait moins de spectateurs et de téléspectateurs qu'habituellement.
La vérité est que Nadal est un joueur qui inspire non pas l'admiration mais l'inquiétude, voire l'effroi. C'est sa dimension inhumaine qui apparait clairement. Il joue parfaitement, trop parfaitement, à la façon d'une machine. Et on n'admire pas une machine, on la craint plutôt. Inutile de relancer les soupçons de dopage, mais il faut reconnaitre que ce joueur n'a jamais dissipé les doutes sur ce point. C'est ce côté inhumain qui justement inspire ce sentiment. C'est une sorte de joueur cyborg dans sa façon de pratiquer son sport, un Terminator de la raquette si l'on veut (voire Deep blue ). Son but n'est pas tant de produire du beau jeu qu'écrabouiller son adversaire. Certes, il accomplit des choses exceptionnelles et stupéfiantes sur le terrain, mais qui paraissent se situer au delà des performances humaines. Ce que Federer, même dans sa période faste où il battait tout le monde, n'a jamais laissé penser. Il restait malgré tout humain dans son excellence, et son élégance. En définitive, on en veut à Nadal car avec lui la laideur vient au tennis, comme peut être laid un immeuble moderne, et surtout avec lui ce sport atteint un stade terminal, sans avenir. Nadal ou le dernier joueur?
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